À travers une expérimentation qu’elle souhaite déployer au plus vite sur tous ses trains, la SNCF procède à des enregistrements audio de tous les sons émis en cabine de conduite ainsi qu’à une captation d’image de tout ce qui se passe sur la voie de circulation. La mesure vise à disposer d’éléments factuels et à faciliter le retour d’expérience. Le déploiement sera très progressif, avec une centaine de postes d’aiguillage concernés fin 2016. Tour d’horizon dans ce billet !
La SNCF veut enregistrer les communications des aiguilleurs pour renforcer la sécurité
Bousculée dans ses certitudes par plusieurs accidents (dont ceux de formulée plusieurs fois par le BEA ces dernières années et Eckwersheim en 2015), la SNCF s’efforce de refonder en profondeur ses procédures visant à assurer la sécurité ferroviaire. Dernière initiative en date : à partir de la fin de cette année, les pupitres téléphoniques dans les postes d’aiguillage vont être progressivement dotés d’enregistreurs de conversation.
Aujourd’hui, seules les communications entre les régulateurs situés dans les 21 Centres opérationnels de gestion de la circulation (COGC), répartis dans toute la France, et les conducteurs de trains sont systématiquement enregistrées. À l’avenir, les conversations entre les aiguilleurs et leurs différents interlocuteurs le seront aussi, qu’il s’agisse des conducteurs, des agents d’un autre poste d’aiguillage, etc. Objectif : disposer en cas d’incident d’éléments factuels afin de déterminer les causes, et faciliter les retours d’expérience. Les enregistrements seront conservés pour une durée de deux mois. Ce délai passera à un an si le poste d’aiguillage est impliqué dans un incident, et à dix ans en cas d’accident grave.
Une mise en œuvre plutôt complexe
La SNCF a acté le principe de cette mesure en 2015. Elle se conforme ainsi à une recommandation formulée plusieurs fois par le BEA ces dernières années suite à des accidents. Cela n’a pas été fait plus tôt car la mise en œuvre est très complexe, justifie SNCF Réseau : les infrastructures ferroviaires comptent pas moins de 2.200 postes d’aiguillage, et nombre d’entre eux ne sont pas équipés d’une technologie de communication permettant l’enregistrement.
Seulement 100 postes, parmi les plus utilisés du réseau, seront concernés fin 2016, et 100 autres suivront l’année prochaine. Le reste suivra au rythme des changements de technologie de communication, indique SNCF Réseau. Toutes les précautions demandées par la CNIL ont également été respectées, afin de désamorcer les craintes de « flicage » de la part des cheminots. Le nombre d’agents habilités à avoir accès aux enregistrements est strictement restreint.