Alors que les organisations syndicales s’apprêtent à entamer les 23 et 24 avril prochain, leur 5ème période de grève pour tenter de faire reculer le gouvernement sur l’épineux dossier de la réforme ferroviaire, de son côté, la direction SNCF somme les conducteurs de trains non-grévistes de rester chez eux. Visiblement, tout est permis de croire que les tensions entre direction et conducteurs ne viennent que de commencer.
La grève SNCF, tout sauf un hasard
Dans le but de pousser le gouvernement à abandonner le projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire qui devrait apporter son lot de changements dans l’entreprise ferroviaire historique (modification de statut pour la SNCF, fin du statut de cheminot pour les futurs embauchés dès le 1er janvier 2020, ouverture à la concurrence, etc.), les syndicats ont mis en place une façon inédite de faire grève : des périodes de 2 jours de grèves suivies de périodes de 3 jours de travail, et ce, du 3 avril 2018 au 28 juin 2018.
Cette grève discontinue créerait des perturbations même lors des périodes censées être travaillées puisque la SNCF adapterait systématiquement son plan de transport en fonction des rames disponibles. En effet, à la suite des 2 jours de grève, les rames sont susceptibles de se retrouver là où elles ne devraient pas l’être et parfois en défaut d’entretien, donc impossible à utiliser pour des missions commerciales.
D’énormes polémiques suite aux décisions de la SNCF
Lorsque la SNCF annonce un service minimum suite à une modification du plan de transport, alors que les agents de conduite sont présents et les rames disponibles, les usagers sont en droit de se poser des questions. Emmanuel B., conducteur de train à l’ETNP, nous explique que « la modification des plans de transport est l’une des variables favorites de la direction SNCF et que l’entreprise en abuserait, même dans les situations où cela n’est absolument pas nécessaire, sous prétexte que l’Accord de branche l’y autorise. En temps normal, les conducteurs en service régulier connaissent précisément leur planning sur une période de 6 mois. Alors lorsque j’entends dire que les cheminots ont la garantie de l’emploi grâce à leur statut avantageux, j’ai juste envie de dire aux gens que la vérité est ailleurs. Et puis, si les voyageurs étaient au courant du manque de considération dont faisaient preuve les décideurs SNCF à leur égard, ils soutiendraient sûrement la plupart de nos actions. »
La SNCF mettrait sciemment ses propres conducteurs non-grévistes au chômage technique
La Société Nationale des Chemins de Fer, en modifiant ainsi ses plans de transport pour ne proposer qu’un service minimum à ses voyageurs, mettrait sciemment ses propres conducteurs non-grévistes au chômage technique par des « SU » ou des « INUT ». Les conducteurs concernés (jusqu’à une dizaine par jour) apprendraient au dernier moment (moins de 24h avant le début du service et parfois juste au moment même de prendre le service qui était initialement prévu de longue date) qu’ils n’allaient pas pouvoir travailler parce que le plan de transport ne permettait pas d’utiliser tout le personnel de conduite, alors que dans le même temps les voyageurs s’entassent dans des rames bondées par manque de trains en circulation.
Eh bien, cette mise au chômage forcé, qui a comme un petit goût de vengeance de la part de la direction SNCF, aurait pour effet de pousser des conducteurs de trains non-grévistes à finalement rejoindre le mouvement de contestation. De là à dire que la SNCF organiserait son propre déclin, il n’y a qu’un pas …